[RP terminé] Hide and seek || Andreï

Un disque tourne sur le gramophone, crépitant tandis que la mélodie s'échappe dans la pièce jusqu'à tes oreilles affûtées, créant un sentiment de plénitude dans la maison. Cependant, maintenant que tu as terminé de plancher sur un dossier croustillant d'un individu venu chercher ton aide pour un cas de légitime défense - sur l'amant de sa femme, tout le monde y croit - alors l'ennui revient mortellement.

Tic, toc, l'horloge du salon.

Peut-être devrais-tu faire un tour dans la ville pour chercher de quoi te divertir ?

Quittant le bureau pour aller jusque dans ton salon où la musique résonne plus fort qu'au premier étage, tu t'assieds dans un fauteuil en velours blanc aussi épuré que le reste de ta décoration. Tout est monochrome, à l'exception de quelques détails de boiserie de ci et de là, et les couvertures parfois colorées des ouvrages de ta bibliothèque contrastent bien avec le reste.

Mais alors que tu t'installe en réfléchissant à la suite de ta journée, un bruit dans la pièce que tu viens de quitter t'interpelle. Tu lèves la tête pour contempler le plafond au dessus de ta tête, guettant le bureau qui se situe à l'étage, et une tâche d'énergie puissante te fait lever un sourcil.

Un fin sourire se dessine sur tes lèvres.

Apparemment, tu as de la visite. Pourtant, vu la saison, aucune fenêtre n'est restée ouverte chez toi. Un téléporteur peut-être ?

Tranquillement, tu quittes ton fauteuil pour gravir les escaliers qui mènent au premier étage et alors que tu t'apprêtes à ouvrir la porte de la pièce, la silhouette d'énergie intense traverse un mur vers la salle de bain avant de se laisser tomber dans le salon d'où tu viens en te provoquant.

Toujours le même sourire intrigué aux lèvres, tu refermes le bureau à clef et redescend calmement les marches jusqu'à arriver dans la pièce principale de la maison.

En voilà une curieuse façon de se présenter chez quelqu'un que l'on ne connaît pas. Qui est donc cette étrange créature qui s'adonne à ce petit jeu de cache cache sous ton propre toit ?

Un cadeau divin pour te faire quitter ton ennui ?

Tu souris un peu plus à cette pensée abstraite et décide de pimenter un peu les règles ; puisque l'inconnue semble insaisissable avec la magie qui l'habite, tu vas toi aussi t'amuser un petit peu.

Sans te presser, suivant son parcours dans toute la maison, tu viens fermer volets et rideaux de toutes les ouvertures dont dispose l'habitation. Puis, descendant le petit escalier qui mène à la cave, tu rejoins le générateur pour couper l'électricité dans toutes les pièces. Tu bloques la poignée du générateur à l'aide d'un petit cadenas trouvé dans une caisse à proximité, avant de remonter en direction de la lueur énergétique.

« Nous nous connaissons ? »

Demandes-tu avec amusement à ton invitée, connaissant ta maison suffisamment bien pour ne pas te cogner contre un mur ou contre un meuble en suivant le parcours de l'inconnue avec ta vision particulière.

Elle ne répond pas à ta question, laissant son rire couvrir par moment la musique qui résonne dans toute la maison. D'un autre côté, tu ne penses pas l'avoir déjà croisé quelque part depuis ton arrivée. Son énergie t'es inconnue ; une telle lueur t'aurait marqué, même si tu as eu l'occasion de croiser bien des gens avec de la magie en eux, tu sais les distinguer dans tes souvenirs.

Animant la chambre de sa présence, elle te demande si tu es capable de voir dans le noir. Toujours un fin sourire ornant tes lèvres, tu lui réponds simplement :

« Oui, d'une certaine façon. »

Disons que tu n'y vois pas beaucoup mieux à la lumière du jour, puisque ta vision naturelle est grandement diminuée depuis les expériences que tu as subis. Mais ce pouvoir... Ah quelle bénédiction ! Tu suis la lueur énergétique qui passe d'une pièce à l'autre mais tu ne te presses pas pour autant. Tu marches tranquillement pour essayer de la coincer tôt ou tard ; rien ne sert de t'essouffler à courir alors que visiblement elle est capable de se téléporter.

En revanche, tu profites de chaque aller retour pour changer l'emplacement de certains meubles ou objets, pour ouvrir des portes et en fermer d'autres, pour créer un terrain plus hostile dans l'obscurité de cette maison que tu connais presque sur le bout des doigts depuis les quelques semaines où tu y habites.

Tu t'amuses de sa réflexion sur les livres de droit ; c'est vrai que ce ne sont pas les plus distrayants de ta grande collection, mais ils étaient nécessaire à l'apprentissage d'un nouveau métier pour cette étrange vie que tu mènes désormais à Eraxarth.

« Je sais jouer de tout, et de rien. »

Vaguement, tu réponds à sa question sur les instruments de musique. Tu en as testé beaucoup, mais tu n'as jamais pris le temps d'approfondir ces enseignements. Tu t'es trop vite lassé, réalisant que tu préférais largement écouter plutôt que composer. Mais tu comprends la musique, sa structure et ses mélodies qui forment un ensemble particulier. Si tu le souhaitais, tu serais parfaitement capable de monter un orchestre.

Ceci dit, cela n'a rien de suffisamment divertissant, voilà pourquoi tu ne t'es jamais donné cette peine.

Alors que la présence de cette inconnue maline sous ton toit, c'est tout à fait à ton goût. Et voilà que maintenant tu cesses de suivre l'énergie et que tu t'immobilises dans un couloir où tu as disposé assez d'obstacles pour qu'elle s'en prenne au moins un si elle passe par ici.

Silencieux, tapis dans l'ombre comme une araignée patiente, tu attends sa prochaine action. Tu ne fais plus un bruit, plus un mouvement, comme si tu avais tout simplement cessé d'exister.

Mais tu es attentif à l'énergie qui se déplace et tu espères simplement la prendre dans ta toile.

L'énergie se déplace au rez-de-chaussée, probablement consciente que ce qui l'attend là-haut n'est pas une bonne idée. Tu souris, loin de t'avouer vaincu. Les questions continuent et tu as bien envie d'y répondre, mais le silence est de mise si tu veux l'attirer dans ton piège.

Cependant, tu songes réellement à la réponse que tu pourras lui apporter ensuite.

Des jeux, tu en as fait plein durant ta courte existence. Des jeux de société, des jeux vidéos, des jeux entre "amis" mais surtout, des jeux bien plus vicieux qui t'ont tenu hors de l'ennui pendant quelques temps.

Sans un bruit, tu descends les escaliers pour t'approcher de la pièce où elle se trouve et fermer la petite barrière qui sépare la cuisine du couloir. Tu n'as jamais pensé à la faire retirer, probablement que les anciens propriétaires possédaient un animal ou des enfants en bas âge. En tout cas, tu lui trouves une bonne utilité aujourd'hui.

Et puis, toujours sans émettre le moindre son, tu te faufiles jusqu'au salon pour prendre place dans le fauteuil que tu as quitté précédemment lorsque tu t'es rendu compte de l'intrusion dans ton domicile. Tu attends, guettes le bruit d'une potentielle chute à cause de la petite barrière que tu as refermé, si jamais elle ne change pas d'endroit grâce à un portail.

Ton sourire s'élargit lorsqu'elle te parle des couleurs ; pour toi qui es facilement curieux et happé par les événements qui t'entourent, il est plus reposant d'avoir un environnement fade et épuré dans le but de ne pas te surchargé le cerveau. Cela t'évite de t'éparpiller mentalement, de recevoir trop d'informations que tu devras traiter rapidement.

Et puis les couleurs, c'est bien pour les gens pétillants, pour ceux qui ont besoin que leur quotidien soit allumé de lumières chatoyantes et de vie. Le tien, il ne se résume qu'à une chose ; trouver de l'amusement dans les gens que tu rencontres.

Alors les couleurs, peu importe.

Mais il semblerait que tu aies trouvé quelqu'un pour jouer...

Un air satisfait apparait sur ton visage alors que tu entends le bruit de la barrière qu'elle vient de se prendre dans les jambes. Pas de bruit de chute néanmoins, mais l'énergie d'un portail qui la propulse directement sur ton canapé où tu peux observer son énergie du plus près que tu ne l'as jamais fait encore depuis le début de cette partie de cache-cache.

Fixant sans bouger de ta place, tu ne remarques pas le cristal qu'elle dissimule sous son haut, parce que toi tout ce qui t'apparaît dans l'obscurité c'est l'ensemble de sa silhouette lumineuse.

Les questions ont cessé, laissant un semblant de calme revenir dans la maison, comme s'il ne restait plus que la musique et personne d'autre pour en être témoin. L'énergie s'arrête dans le bureau et il te semble entendre farfouiller sur le meuble principal de la pièce, comme si on s'attardait sur tes dossiers restés en plan sur l'office.

Tu hausses les épaules, mais tu te déplaces néanmoins jusqu'à l'étage dans le plus grand des silences afin d'interrompre sa petite lecture. Non pas que tu aies grand chose à cacher, mais bon, tu n'as pas envie que des informations sur tes clients tombent entre de mauvaises mains. Ce serait fâcheux, toi qui viens de débuter ta carrière en tant qu'avocat.

« Mon jeu préféré, c'est les dominos. »

Déclares-tu depuis l'encadrement de la porte où tu observes sa silhouette, réalisant maintenant le cristal qu'elle porte au milieu de sa poitrine et qui brille plus que le reste de son corps dans ta vision particulière.

« On ne sait jamais exactement ce qu'il adviendra si on en pousse un. »

Oh bien entendu, c'est là une vaste métaphore sur ton véritable jeu préféré ; interférer dans l'existence des gens en y mettant un tout petit grain de sable pour voir jusqu'où iront les choses, puis te poser comme spectateur de l'action et te laisser divertir par le courant des événements.

« Parfois ils tombent parfaitement comme prévu, parfois la chute est plus aléatoire. »

Tu t'approches lentement du bureau, te doutant qu'avec la lueur qui émane de son buste elle pourra te voir arriver.

« C'est amusant je trouve. »

Ton sourire n'a pas tari le moins du monde alors que tu viens te saisir des dossiers présents sur ton bureau pour les remettre dans un tas bien net et les recouvrir d'un protège document opaque, qu'elle soit encore là ou qu'elle ait fuis par un nouveau portail.

« La curiosité est un vilain défaut, paraît-il. Mais je ne suis pas d'accord. Cependant, j'admets qu'il existe des informations qui ne regardent pas tout le monde. Je te laisserais bien t'amuser à lire les affaires de mes clients, mais je ne tiens pas à recevoir des menaces de l'un d'entre eux pour divulgation d'informations confidentielles. »

Le ton que tu emploies est d'un calme redoutable, car la vérité c'est que même si tu te fiches de ce qui adviendra, tu ne cherches pas non plus les ennuis. Dans ton immense esprit chaotique et joueur, tu restes quelqu'un de prudent malgré tout. Tu t'assures donc que les documents présents dans la pièce ne seront pas accessibles facilement, pour t'éviter une perte de temps stupide avec un quelconque client.

Un bruit plus fort que les autres retentit tandis qu'elle se laisse tomber du bureau, finissant sur ses jambes pendant que tu achèves de ranger tes dossiers. Elle t'avoue de but en blanc qu'elle n'en a pas terminé avec cette recherche d'informations, mais tu verras cela plus tard. Tu as noté l'idée dans un coin de ta tête ; il ne te restera plus qu'à mettre à exécution ton plan de protection de données pour une autre fois.

Pour l'instant, une nouvelle élucubration l'anime alors qu'elle contourne le meuble pour se rendre à l'entrée de la pièce. C'est vrai, la justice a quelque chose de totalement illogique et compliqué, mais si tu devais résumer cela simplement, tu dirais qu'il s'agit avant tout d'une question d'éthique publique.

Les gens veulent un coupable lorsqu'il y a préjudice. Les gens veulent le drame et aiment aussi le spectacle du tribunal, ils aiment se contredire et porter des jugements avec férocités. Et si tu te fiches de la blancheur des mains de tes clients, tu as remarqué qu'ils avaient tous le même désir qu'ils soient coupables ou innocents ; l'opinion publique leur importe beaucoup.

Pas celle du juge - même si la condamnation est un moment tracassant pour la plupart d'entre eux - ni celle des proches, mais celle que la foule des vivants retiendra de la situation.

Haussant les épaules à sa question, tu viens poser ton postérieur sur le bord du bureau, jouant distraitement avec le câble de la petite lampe qui te permet d'y voir plus clair quand tu travailles tard le soir.

« J'aime être aux premières loges et pouvoir influencer la situation. Lorsqu'on est juge, on est à peine le décideur derrière les jurés et le reste de la cour. Médecin consiste à sauver des vies et cela ne m'intéresse pas outre mesure. Puis journaliste, c'est ennuyeux. »

Ta réponse se fait complète, posant les éléments uns à uns. Tu ignores encore tout de ton interlocutrice mais tu as bien compris une chose, une qui t'intéresse bien plus que sa couleur préférée ou son passe temps dans la vie ; elle est joueuse.

Mais est-elle bonne ou mauvaise joueuse ?

Tu ne tarderas pas à le découvrir...

Brusquement, tu quittes ta position et te rues dans sa direction, espérant la prendre suffisamment par surprise pour qu'elle pense à courir avant de s'infiltrer dans un portail. Tu espères la faire passer dans ce couloir que tu as piégé, la faire chuter pour de vrai cette fois-ci.

Mais bien sûr, tu n'as pas envie de la blesser, aussi tu affûtes tes réflexes pour la rattraper de justesse si elle venait à se prendre quelque chose dans les pieds.

Tu es surpris par son audace lorsqu'elle décide de se précipiter également dans ta direction, te percutant de plein fouet alors que tu courrais pour la faire fuir dans le couloir. Mais jamais tu ne ressens ton dos s'éclater sur le plancher rigide du bureau ; un portail vous emmène en dessous et vous faire choir sur le canapé un peu brusquement, rebondissant légèrement sur le velours sobre du mobilier.

Tu souris avec amusement ; tu aimes qu'on te surprenne de la sorte. Tu avoues volontiers ta défaite en laissant passer un petit rire. C'était un jeu amusant, spontané.

Mais elle semble un peu confuse de la situation et tu ignores encore pourquoi. Elle dit que tu lui sembles familier, mais tu es sûr de ne jamais l'avoir rencontrée auparavant. Après tout, tu ne connais pas encore tout le monde ici bas vu que ton arrivée est assez récente.

Cela dit, ta mémoire est bonne. Très bonne même. Donc si tu avais fait sa connaissance de près ou de loin, tu t'en souviendrais sans aucun doute.

« Pour ma part, je n'ai aucun souvenir familier à ton égard. »

D'ailleurs, il réalise qu'il n'a pas encore vu son visage ni demandé son nom. Des données anecdotiques la plupart du temps, mais intéressantes lorsque la personne se montre sortir du lot comme elle l'a fait.

« Qui es-tu ? »

Tu te dégages doucement de son emprise pour venir t'asseoir sur le canapé, le salon toujours plongé dans l'obscurité. Tu devrais certainement aller rallumer le générateur car tu es curieux de connaître ton adversaire à ce petit jeu.

Plutôt que de te déplacer toi même, tu lui tends la petite clé du cadenas installé précédemment sur la poignée du mécanisme et tu lui expliques :

« J'ai verrouillé la poignée du générateur tout à l'heure, mais tu peux rallumer les lumières maintenant. C'est à la cave. »

A moins qu'elle ne décide de vous éclairer avec son cristal dans la poitrine en attendant ?

La soudaineté avec laquelle la jeune femme s'écarte de toi te fait lever un sourcil, de même que la légère hésitation avant de te donner son nom. Elyon, ça ne te dit vraiment rien. Mais tu le notes dans ton esprit dans un tiroir bien rangé ; tu feras tes recherches plus tard sur ce qu'elle ne te dira pas aujourd'hui.

« Je crois que je n'ai pas besoin de te donner le mien, n'est-ce pas ? »

Un nouveau petit rire s'échappe de tes lippes tandis qu'elle prend la clé que tu lui tends pour ensuite se téléporter là où tu lui as dit. Elle se cache les yeux, tandis que la lumière se rallume dans la maison.

Son attitude devient alors drastiquement différente, te faisant une fois encore lever un sourcil et même incliner légèrement la tête sur le côté. Ton sourire ne t'a pas quitté, mais tu es curieux ; pourquoi une telle réaction ? Tu as quelque chose qui la dérange, mais quoi ?

Ses yeux s'humidifient et tu la regardes, ton sourire s'atténuant un peu pour faire place à une expression plus neutre. Du chagrin ? De l'incompréhension ? De la douleur ?

Pourquoi évoquerais-tu ces sensations chez une personne que tu n'as jamais rencontrée ?

Sans rien dire, tu te lèves du canapé pour te rendre à la cuisine et lui remplir un verre d'eau que tu ramènes, en bon hôte poli que tu es, afin de lui poser sur la table basse en verre à côté du canapé.

« Je te sens troublée, nous nous connaissons ? »

Tu l'aurais oublié ? Tu aurais oublié un visage, ou un nom ? Impossible. Absolument impossible que ta mémoire te fasse défaut à ce point.

Alors quelle est l'explication la plus rationnelle... ou irrationnelle, car après tout vous êtes dans un monde bien étrange.

Tu attends sagement que ses lèvres se dénouent, peut-être, pour te donner une réponse.