Cela faisait plusieurs jours que la demoiselle était partie accompagnée de ses pairs forestiers. N'ayant pas encore obtenu son diplôme, elle devait encore les accompagner lors d'excursions pour continuer son apprentissage en leur compagnie. Leur but était de rejoindre la partie nord-ouest de l'île afin d'explorer ces terres et qu'ils en apprennent plus sur la diversité de la faune et la flore qui occupaient ce lieu. Après tout, les créatures étaient différentes de la forêt des sapins, même s'il n'était pas impossible d'en voir, puisque certaines créatures s'adaptaient aux diverses températures.

Leur groupe avait fait plusieurs arrêts durant leur voyage et les instructeurs sur place, car il y en avait, s'amusaient en leur donnant des mises en situations hypothétiques qui pouvaient arriver. Ils voulaient les garder alerte, qu'ils observent leur environnement, car s'ils n'étaient pas assez rapide pour répondre, ils étaient considérés mort et cela pouvait leur valoir quelques points en moins.

Zeerith n'était pas bavarde. Elle n'aimait pas parler et encore se mêler à ces derniers le soir venu. Lorsqu'ils montèrent le camp à quelques lieux de lac Laïkhal, Zeerith leur avait fait savoir qu'elle allait faire un tour. Normalement, il n'était pas friand de laisser partir l'un de leur membre seule, mais ce n'était pas la première fois qu'elle les accompagnait et il faut dire que son apparence les effrayait un peu. Ils préféraient la laisser faire. Elle s'était donc armée et protéger de son armure si jamais il venait à lui arriver quelque chose.

La drow avait donc pris un chemin menant jusqu'au lac afin de s'y ressourcer, mais surtout prendre du temps pour elle. Partir ainsi en groupe, était très épuisant pour elle surtout avec sa condition actuelle. À cette heure-ci, elle ne s'attendait pas à y voir qui que ce soit, mais le son des clapotis de l'eau attira son attention. Elle avait marché sous le couvert des arbres un moment, dans le plus grand des silences et vêtue de sa cape qui laissait voir au travers ses origines elfiques. Après tout, s'il s'agissait de quelque chose de dangereux, elle voulait une longueur d'avance. Sauf que, ce qu'elle vit au loin, au milieu de cette eau, était nul autre qu'une femme dans son plus simple appareil. Malgré les ténèbres qui les anglobait, l'araignée la voyait parfaitement de son regard sanglant si ce n'était qu'elle était assez loin pour ne pas y voir chaque détail. Dans tous les cas, elle aurait pu s'éloigner et rebrousser chemin, mais la curiosité la poussait à rester sous la protection du couvert des arbres. Sauf qu'elle ignorait que la dame voyait aussi clair qu'elle.

D'ailleurs, comme si elle l'avait senti, la femme s'était redressé et s'était rapproché de la berge en levant gracieusement une main dans la direction qu'elle se trouvait. C'est à ce moment qu'une prison aqueuse vint l'entourer et l'empêcher de fuir et une voix lui somma de se présenter. Cela relevait surtout du domaine de l'obligation plutôt que du libre arbitre, ce qui ne plaisait pas du tout à la femme araignée.

« Relâchez-moi et peut-être que je vous le dirai. » cracha-t-elle tel un venin. « Ces terres ne vous appartiennent pas que je sache. J'ai le droit d'être ici. » termina-t-elle en frappant sur la paroi qui la séparait de sa liberté.

Sa gardienne en mettait du temps avant de la libérer et cela ne faisait qu'accentuer la colère que ressentait la sombre forestière. Si elle avait espéré passer un moment de solitude en toute tranquilité, elle savait que cela se présentait plutôt mal. La drow dû attendre que cette dernière se vêtisse du peu de vêtement qu'elle avait avec elle avant d'être enfin libérer. Il était temps.

D'ailleurs, la femme ne semblait pas s'être laissé décontenancer par le ton agressif de l'archère et ne semblait pas effrayé par cette dernière. Après tout, si elle l'avait enfermé une fois, qu'est-ce qui l'empêchait de recommencer une seconde fois? Si cette dernière possédait de tels pouvoirs et qu'elle n'hésitait pas à les utiliser sur le premier passant qui croisait sa route, Zeerith savait qu'elle devait faire attention.

Évidemment qu'elle était frustrée et même si cette dernière semblait justifier ses actions, la drow laissa siffler une remarque. « Si j'avais réellement voulu te faire du mal, tu ne serais probablement plus de ce monde. » fit-elle savoir en référence à son passé trouble d'assassin. Elle était douée, mais avait préféré troquer cela pour une nouvelle vie. Mais bon, elle ne pouvait pas rester fâchée éternellement. Elle pouvait comprendre, qu'en pleine nuit, cette dernière s'était montrée sur le quivive et protectrice de sa personne. D'ailleurs, elle se présenta la première.

Zeerith se décida finalement à sortir de sa cachette en se rapprochant de cette dernière d'un pas lent et à l'affût d'un moindre geste brusque. Elle s'était peut-être fait prendre une première fois, mais elle n'avait pas dit son dernier mot.

Levant ses mains griffues, elle attrapa chaque côté de sa capuche qu'elle laissa glisser dans son dos, laissant percevoir son visage marqué ainsi qu'une chevelure pâle qui contrastait avec sa sombre peau. Si elle l'observait, elle pouvait aussi voir, qu'elle n'était pas venu désarmé et qu'elle était bien équipée.

« Je suis Zeerith. » lui répondit-elle sans aucun sourire, bien qu'il ne fut pas difficile de voir ses dents pointues.

Elle ne pouvait pas spécialement dire qu'elle était enchantée de la rencontrer vu leur première intéraction, mais la drow savait faire la part des choses. Sauf qu'elle ignorait ce qu'elle devait rajouter. Elle n'était vraiment pas douée pour faire la conversation.

« J'crois qu'il serait mieux si je retournais à mon campement. Je t'ai dérangé et j'voudrais pas te troubler davantage. Par contre, tu devrais faire attention aux créatures qui rôdent dans le coin. C'est pas habillé comme ça que tu vas te protéger… »

Elle avait toujours sa magie, mais il ne fallait jamais se fier à elle. Après tout, une fois épuisé de s'en être servi, qu'est-ce qu'il lui restait.

Zeerith ne quitta pas un seul instant son regard de la femme qui lui faisait face et si elle lui conseillait de faire attention, cette dernière chassa bien vite ses inquiétudes en lui montrant ses dents. Elles étaient anormalement pointues et cela semblait être un argument assez convaincant pour sa geôlière pour ne pas s'en soucier. Elle alla même jusqu'à ricaner avant de l'inviter à rester si l'envie lui prenait. Après tout, ce n'était pas sa propriété privée.

L'archère ignorait ce qu'elle devait faire. Elle pouvait tourner les talons et retourner au campement, mais là-bas, il y avait bien trop de vibration, trop de bruit et cela l'empêchait de se reposer véritablement. C'était fatiguant d'être entouré de gens, mais ici c'était calme, enfin, pas complètement, mais ce l'était déjà plus que là-bas.

La femme araignée, ne se fit donc pas priée et pendant que cette dernière retourna vers sa besace, elle s'approcha à son tour du lac où elle prit place sur le bord avant de retirer ses bottes et de rouler son pan de pantalon pour finalement y plonger ses pieds nus. Elle avait mis son arc à ses côtés et gardait une main sur ce dernier, car au moindre mouvement elle voulait être prête. Son carquois était resté accroché à son dos et elle avait replié sa cape afin de s'asseoir sur cette dernière.

C'est à ce moment que Zenaïs revint en lui tendant un verre. Si elle paru surprise, ce n'était pas dû à sa présence, puisqu'elle l'avait sentit se rapprocher, mais bien par sa tentative d'acheter son pardon. Elle la jugea du regard un moment, toujours dans le plus grand des silences. Elle avait envie de lui dire qu'elle n'avait qu'à ne pas enfermer les gens comme ça et qu'elle n'aurait pas besoin de se racheter par la suite, mais à la place, elle poussa un soupir avant de lui prendre l'objet qu'elle lui tendait.

« J'imagine, qu'un verre ou deux pourra augmenter les chances que je te pardonne…» dit-elle en faisant rouler le liquide avant de le sentir une première fois. Elle ne voulait pas prendre de chance, car l'odeur de certains poisons ne pouvaient pas être masqué qu'importe le liquide dans lequel ils étaient plongés. L'odeur n'était pas forte et malodorante, mais ceux qui ne s'y connaissaient pas pouvaient ne pas faire la différence. En tout cas, ce dernier ne semblait pas en contenir et elle se risqu'à finalement en y tremper les lèvres. Ce n'était que du rhum, rien de plus simple.

« Tu m'as dit avoir plusieurs cordes à ton arc, mais tu te balades sans rien sur la peau. Qu'est-ce qui te donne autant de confiance? » lui demanda-t-elle finalement curieuse depuis qu'elle lui avait montré ses dents. Elle aussi avait une dentition à dent de scies et ça ne lui donnait pas de plus grand pouvoir pour autant.